Les langues au Togo

Le Togo, situé en Afrique de l’Ouest, est un pays multilingue où coexistent des dizaines de langues locales avec le français, langue officielle. Cette diversité linguistique est le reflet de la richesse ethnique du pays. Chaque région a ses particularités, ses usages propres et ses rapports spécifiques à la langue, tant dans la vie quotidienne que dans les sphères administratives, éducatives et culturelles.

Le français comme langue officielle

Origine et fonction institutionnelle

Le français a été introduit au Togo durant la période coloniale, à l’époque du mandat français après la Première Guerre mondiale. Depuis l’indépendance en 1960, il conserve son statut de langue officielle. Il est utilisé dans l’administration, l’enseignement, les médias nationaux et les affaires juridiques. L’État produit l’ensemble de ses documents en français, y compris les textes législatifs et les décisions judiciaires. Il s’agit de la langue de scolarisation dans les écoles publiques dès la maternelle et du principal vecteur de communication écrite et formelle.

Usage dans l’enseignement

Le système éducatif togolais repose presque exclusivement sur le français, à tous les niveaux. L’alphabétisation est donc généralement synonyme d’apprentissage du français, bien que certains programmes d’éducation non formelle aient introduit des langues locales pour renforcer la compréhension et la participation. Dans les zones rurales, cela crée parfois un décalage entre la langue parlée à la maison et celle utilisée à l’école, entraînant des difficultés d’apprentissage chez les enfants non francophones dès le départ.

Langues nationales et locales

Panorama des principales langues parlées

Le Togo compte environ 40 langues locales actives, réparties entre différentes familles linguistiques, principalement le gur et le kwa. Les plus parlées sont l’éwé et le kabyè, respectivement dominantes dans les régions sud et nord du pays. Ces deux langues sont reconnues comme langues nationales et bénéficient d’une présence dans les médias publics et dans certains programmes éducatifs pilotes.

Éwé

L’éwé appartient à la famille des langues kwa. Elle est parlée majoritairement dans la région maritime et les environs de Lomé, la capitale. Son usage dépasse le Togo, puisqu’elle est aussi présente au Ghana et au Bénin. Elle joue un rôle significatif dans la vie sociale, religieuse et commerciale du sud du pays. L’éwé est également utilisée dans certaines émissions de radio et à l’église, notamment dans les chants liturgiques.

Kabyè

Le kabyè, langue gur, est principalement parlé dans la région de Kara et les régions centrales du Togo. Il constitue la langue véhiculaire dans ces zones et remplit des fonctions comparables à celles de l’éwé dans le sud. Certaines écoles proposent un enseignement partiel en kabyè dans le cadre de programmes bilingues. La langue bénéficie aussi de productions littéraires locales, telles que des contes et manuels scolaires.

Autres langues régionales

Parmi les autres langues significatives, on peut citer le tem, le mina, le moba, le akposso, le ifè, le haoussa et le nawda. Leur répartition varie selon les groupes ethniques et les zones géographiques. Le tem, par exemple, est parlé dans la région centrale, tandis que le haoussa est utilisé comme langue commerciale par certains groupes musulmans. Ces langues sont souvent transmises oralement et jouent un rôle central dans l’éducation informelle, les traditions orales et les échanges communautaires.

Politiques linguistiques et enjeux

Reconnaissance et valorisation

Depuis les années 1970, les autorités togolaises ont mis en place des initiatives de reconnaissance des langues nationales. L’objectif principal est de favoriser l’intégration linguistique tout en conservant le français comme langue de cohésion nationale. Certaines stations de radio locales diffusent des programmes en langues locales, ce qui permet une meilleure couverture médiatique en milieu rural et une valorisation du patrimoine linguistique.

Alphabétisation en langues locales

Des projets d’alphabétisation en langues nationales ont été introduits par des ONG, des missions religieuses et l’État, avec le soutien d’organismes internationaux. Ces programmes visent à améliorer l’accès à l’éducation pour les adultes et les jeunes déscolarisés, notamment dans les régions où la langue d’enseignement est éloignée de la langue maternelle des apprenants. Les résultats varient selon les régions, mais ces initiatives ont permis de produire des supports écrits dans plusieurs langues locales.

Défis de la cohabitation linguistique

Le multilinguisme togolais pose des défis en matière d’harmonisation et de planification linguistique. Il existe parfois une concurrence entre langues locales, notamment dans les zones urbaines où plusieurs groupes cohabitent. La standardisation de l’orthographe, la formation d’enseignants bilingues et la production de matériel pédagogique constituent des étapes complexes. Le manque de ressources financières et de volonté politique ralentit l’implantation large de ces politiques linguistiques.

Les langues étrangères dans la société togolaise

Anglais et allemand

L’anglais est de plus en plus enseigné comme langue étrangère dans le système éducatif, en raison de sa place dominante dans les échanges internationaux et de la proximité du Ghana anglophone. L’allemand, quant à lui, conserve une place symbolique dans certains établissements scolaires en raison du passé colonial allemand du Togo jusqu’en 1914. Ces langues sont principalement utilisées dans les relations internationales, le tourisme et certains milieux universitaires.

Langues des diasporas et langues religieuses

Certaines langues étrangères sont introduites par les communautés religieuses et les diasporas. L’arabe est utilisé dans les écoles coraniques et les lieux de culte musulmans. Des langues comme le portugais et l’espagnol sont parlées dans certains cercles économiques ou familiaux en lien avec des migrations vers le Brésil, l’Espagne ou le Portugal. Leur usage reste limité mais présent dans certaines zones urbaines ou transfrontalières.